Acheter des billets d’avion maintenant : bonne ou mauvaise idée ?

femme pense

La crise sanitaire actuelle impacte le secteur aérien de plein fouet. L’Association Internationale du Transport Aérien parle d’une crise sans précédent. Elle annonce que suite à l’immobilisation des appareils au sol, on observe 252 milliards de dollars de manque à gagner par rapport à l’année passée pour le secteur. Cela équivaut à 44% du chiffre d’affaires annuel du secteur.

Les compagnies aériennes sont à l’arrêt. Easyjet a cloué au sol 330 appareils, tandis qu’Air France réduit son activité de 90% afin de n’assurer que les vols spéciaux de rapatriement.

Toujours selon l’AITA, les trois prochains mois très peu de voyages sont prévus, et cela représentent un coût de plus de 31 milliards d’euros pour les compagnies.

Les compagnies n’ont pas d’autres choix que de conserver au maximum leur trésorerie, et éviter la faillite. Et pour tenter de reconstituer de la trésorerie, certaines vendent des billets d’avions à prix cassés.

Des prix bradés sur les billets d’avion

Par exemple, Air France propose un seul voyage Paris – New York le 2 mai 2020 au prix de 132 € l’aller retour. Pour la même destination, en février 2021, Air France propose des billets entre 160€ et 180€.

La compagnie Air Caraïbes quant à elle, propose un aller retour Paris- Cuba pour le mois d’octobre à 290€ seulement.


Pour les vols plus courts, les compagnies ne semblent pas avoir baissé leurs prix. Certaines mêmes, les ont augmentés.

  • Easyjet propose par exemple pour août 2020 un trajet Paris- Athènes au prix de 586€
  • Air France propose un aller simple Paris-Toulouse, prévu pour mars 2021 avec un billet à 34 euros ce qui est relativement bon marché
  • Pour un voyage Paris-Athènes en mars 2021, la compagnie Aegan propose un aller retour au prix de 131€.

Les politiques de prix sont donc relativement différentes selon les compagnies, mais il est vraisemblable de trouver des prix intéressants sur les destinations lointaines, c’est à dire là où l’incertitude est la plus forte.

Face à ces prix très alléchants, les passagers pourraient être tentés d’acheter un billet. Toutefois, est-ce vraiment une bonne idée ?

Aucune visibilité sur la reprise des vols

Les compagnies ont cloué leurs appareils au sol, et les frontières sont pour la plupart fermées. Le trafic aérien est en pause. Personne ne sait vraiment à quelle date les vols internationaux pourront reprendre et quelles seront les contraintes imposées par chaque pays.

« Aujourd’hui ce n’est pas le moment d’acheter un billet pour partir à l’autre bout de la planète avec toutes les incertitudes qu’on peut avoir sur ce que sera l’état de l’épidémie »

Elisabeth Borne, Ministre de la transition écologique

Les compagnies sont pour certaines, dans une très mauvaise situation financière. Il est très probable que certaines ne survivent pas à la crise et soient nationalisées, rachetées, voire en faillite. Personne ne peut déterminer à l’avance quelle compagnie s’en remettra ou non. Les grandes compagnies nationales comme Air France sont sans doute plus sûres car les Etats leur éviteraient vraisemblablement une faillite avec une nationalisation en dernier recours, mais ce ne sera pas le cas dans tous les pays. Si la compagnie qui devait assurer le vol tombe en faillite, il sera très difficile, voire impossible d’obtenir le remboursement de billet.

“Il convient de se renseigner sur la santé financière de la compagnie aérienne avant de réserver un billet pour ne pas avoir de mauvaise surprise et ne pas pouvoir partir si elle se trouve en liquidation au moment du voyage”

précise Anaïs Escudié, présidente de RetardVol

Réouverture des frontières

Lors de son allocution du lundi 13 avril, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait que les « frontières avec les pays non-européens resteraient fermées jusqu’à nouvel ordre. »

Alors que les frontières de l’espace Schengen sont fermées depuis le 17 mars, aucune visibilité ne permet à ce jour d’envisager la réouverture des frontières. Selon BFM TV : « Macron évoque l’hypothèse d’une fermeture des frontières de l’espace Schengen jusqu’en septembre ».

A noter que la Suisse, pays non intégré à l’Union Européenne, mais à l’espace Schengen, n’est pas concerné par cette mesure. En effet, les Français qui travaillent en Suisse peuvent toujours se déplacer.

Aujourd’hui, voici quelques exemples de pays qui ont fermé leurs portes aux français :

  • Chine
  • Thaïlande
  • Australie
  • Russie
  • États-Unis
  • Malte
  • Algérie
  • Maroc
  • Espagne
  • Inde
  • Israël
  • Cuba

La date à laquelle prendront fin ces fermetures n’est pas encore connue. Personne ne sait à ce jour à quelle vitesse et quand, chaque pays ouvrira à nouveau ses frontières.

Aux Etats-Unis, Donald Trump a annoncé que les Etats Unis ouvriront leurs frontières «  Lorsque l’Europe ira mieux ».

 L’impact de la crise sur le service aux passagers

Face à cette crise sanitaire, et l’impact sur les compagnies, les passagers se verront très probablement lésés lors de leurs futurs voyages :

  • les passagers qui n’auront pas été remboursés et dont la compagnie aura fait faillite auront très peu de chance d’être remboursés (voir notre article sur ce sujet)
  • la consolidation du secteur (via principalement des faillites) réduira le nombre d’acteurs et pourra faire augmenter les prix dans les mois à venir. Les bons d’achats pourraient alors servir à acheter des billets beaucoup plus chers.
  • les services à bord pourraient être dégradés

Concernant la dégradation des services à bord, le site FlightReport a dressé plusieurs hypothèses :

  • De nouvelles facturations : si certaines compagnies ont pour politique de déjà facturer les différents suppléments tels que le choix du siège, du repas etc en classe économique, il se pourrait que cette pratique soit étendue désormais en classe affaire
  • Un service dégradé : le siège neutre (siège inoccupé au milieu de la rangée) en classe affaire risque d’être supprimé. Certaines compagnies menacent même de supprimer la classe affaire en sa totalité. D’autres pourraient même supprimer la Première classe.
  • Un confort dégradé : les salons d’aéroports, fortement appréciés par les passagers qui ne souhaitent pas patienter dans les salles d’embarquement pourraient voir leur accès facturés.

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